Le Grand Face-à-face délocalise son enregistrement à Cergy le temps d'une émission
Le Grand Face-à-face délo­calise son enreg­istrement à Cer­gy le temps d’une émission

Ces médias à la rencontre des citoyen·nes

Margaux Vulliet
Margaux Vulliet

Pour garder le lien avec leur audi­ence, des médias mul­ti­plient les for­mats qui intè­grent les citoyen·nes. Délo­cal­i­sa­tion d’émissions, tour de France en bus, ren­con­tres citoyen·nes ou co-con­struc­tion de l’information, Médi­anes est allé à la ren­con­tre de Reporters sans fron­tières, France Inter, Ouest-France et Cen­tre-France. Autant d’initiatives qui se retrou­vent égale­ment chez les médias émergents.

On ne peut pas le rater en arrivant sur la place de l’Hô­tel de Ville de Reims : le bus rouge de Reporters Sans Fron­tières (RSF). Ce jeu­di 7 avril, à cause du vent, l’équipe n’a pas pu met­tre en place l’exposition pho­to, comme dans les autres villes, cen­sée attir­er les pas­sant·es. À défaut, ce sont des cafés qui sont pro­posés. Peu de monde dans les rues, mais pas de quoi décourager Christophe Deloire, le secré­taire général de RSF.

Depuis presque deux semaines, Christophe Deloire et quelques per­son­nes de l’équipe ont entre­pris un tour de France. L’ob­jec­tif d’un tel évène­ment est d’aller à la ren­con­tre des citoyen·nes pour débat­tre de leur mode de con­som­ma­tion de l’information, du jour­nal­isme en général et de la manière dont les citoyen·nes s’in­for­ment en France. La péri­ode n’est pas choisie au hasard puisque l’ini­tia­tive a pris fin la veille du pre­mier tour de l’élection prési­den­tielle. L’idée est de se nour­rir de ces échanges et d’en faire un livre blanc que RSF remet­tra au prési­dent de la République prochaine­ment. Il con­tien­dra les attentes de ces citoyen·es ren­con­tré·es, en matière de presse et de démoc­ra­tie des médias, car « il y a urgence et cela paraît plus impor­tant que jamais », avance Christophe Deloire.

« La défiance s’est installée »

Le secré­taire général observe une frus­tra­tion de la part des citoyen·es quant à l’incapacité des médias de leur expli­quer les grands bas­cule­ments du monde : cli­mat, économie, géopoli­tique. Les citoyen·nes regret­tent égale­ment l’absence d’informations pos­i­tives. Après le café devant le bus, RSF organ­ise des assem­blées qui con­vo­quent du pub­lic et des jour­nal­istes autour de scé­nar­ios fic­tifs pour échang­er sur les médias : « les scé­nar­ios de fic­tion per­me­t­tent de sor­tir du débat clas­sique et de voir que la recherche de solu­tions est plus effi­cace avec ceux qui font l’information et ceux qui la lisent, l’écoute, la regarde ».

Christophe Deloire, secré­taire général de RSF

Ce soir-là, à Reims, Thomas Sot­to, le présen­ta­teur de Télé­matin sur France 2, et Cécile Mégie, direc­trice de RFI, sont invité·es à dis­cuter. Les chais­es sont dis­posées en rond dans une grande salle de la mairie afin que tout le monde ait le même accès à la parole.

Journalistes et citoyen·es, au même niveau

Par­mi les nom­breux retours, les jour­nal­istes sont accusé·es d’être trop éloigné·es du reste de la pop­u­la­tion. « Il y a une exi­gence forte envers les jour­nal­istes. De leur côté, les rédac­tions doivent être atten­tives aux préoc­cu­pa­tions aux­quelles le jour­nal­isme tra­di­tion­nel ne répond plus et ont intérêt à retra­vailler leurs pra­tiques. Mais il ne faut pas oppos­er les médias main­stream et les médias mar­gin­aux. Tout le monde a une respon­s­abil­ité. La grande ques­tion à se pos­er c’est : quel est notre rap­port aux évène­ments, où est ce qu’on braque les pro­jecteurs ? », souligne Christophe Deloire.

Et d’ailleurs, dans la salle de l’Hô­tel de Ville où se déroule l’assemblée citoyenne, Thomas Sot­to pose les con­di­tions lorsqu’il s’adresse à la dizaine de curieux·ses venus·e échang­er : « On veut écouter et enten­dre ce que vous avez à nous dire ». Ce temps est aus­si l’occasion pour les jour­nal­istes d’échanger directe­ment avec celles et ceux qui le deman­dent. Si la dis­cus­sion s’ou­vre de façon équili­brée, les jour­nal­istes adoptent rapi­de­ment une posi­tion offen­sive pour répon­dre aux cri­tiques qui sont faites sur leur méti­er et leurs pra­tiques. L’ob­jec­tif des débats comme celui-ci est de dessin­er un début de solu­tion, d’où la per­ti­nence de l’or­gan­is­er dans un moment aus­si charnière que celui-ci pré­cise Christoph Deloire : « nous avons choisi de le faire durant la cam­pagne prési­den­tielle car c’est un peu le moment de la grande délibéra­tion démoc­ra­tique. Et le con­texte géopoli­tique mon­tre aus­si que la guerre de l’information peut men­er à une guerre réelle ».

RSF organ­ise des tables-ronde sur les médias à chaque étape, en présence de journalistes

Sur les routes de France

De Rennes à Lyon en pas­sant par Cler­mont-Fer­rand ou Flo­r­ange, le bus ne s’est pas arrêté unique­ment dans les grandes villes. C’est ce que tient à pré­cis­er Chloé Le Goff, chargée de com­mu­ni­ca­tion de RSF et à l’o­rig­ine du pro­jet : « Nous sommes aus­si allé·es dans des vil­lages comme la ville minière de Car­maux, ou encore à Lunel. L’idée de ce pro­jet est d’observer des réal­ités soci­ologiques dif­férentes, cela fait du bien de se décen­tr­er ». Par­mi les moments mar­quants, Chloé Le Goff se sou­vient d’une inter­ven­tion dans un étab­lisse­ment à Ploërmel en Bre­tagne : « La per­son­ne qui nous a accueilli·es auprès des sco­laires était assez émue car elle est très engagée dans l’éducation aux médias. Elle était touchée que nous venions jusqu’à eux pour par­ler jour­nal­isme et démoc­ra­tie ». Finale­ment l’idée du bus était davan­tage un choix pra­tique « pour déplac­er l’exposition durant quinze jours c’était le plus sim­ple mais surtout cela per­met d’aller au con­tact plus facile­ment », explique-t-elle.

L’ancienne revue l’Ebdo, avait égale­ment sil­lon­né les routes de France, durant six mois, avant son lance­ment. L’objectif ? Con­naître les lecteur·ices et les inté­gr­er étroite­ment au proces­sus édi­to­r­i­al. Les équipes étaient restées dormir chez de futur·es lecteur·ices et un doc­u­men­taire a même été tourné sur le pro­jet ! Intéres­sant pour décou­vrir les couliss­es d’une telle initiative.

« Sortir des studios parisiens »

Ils n’ont pas de bus mais se dépla­cent aus­si. L’émission de France Inter Le Grand Face-à-face s’est délo­cal­isée à Cer­gy le 13 mai. Dif­fusée le same­di entre 12 h et 14 h, Ali Bad­dou donne la parole à Nat­acha Polony, rédac­trice en chef de Mar­i­anne et Gilles Finchel­stein, directeur général de la fon­da­tion Jean Jau­rès. Et pour l’évènement, l’émission a été rebap­tisée Le Grand Face-à-face XXL. Une fois par mois depuis sep­tem­bre 2021, l’émission change de villes : à Saint-Brieuc, à Arras, à Valence ou encore à Metz.

Ce jour-là, c’est dans le théâtre de Cer­gy que France Inter a instal­lé son dis­posi­tif. Une table de mix­age mobile et des grandes tables recou­vertes de nappes noires. Une quar­an­taine de per­son­nes est présente dans la salle. 17 h pile et le jin­gle est lancé. Le sujet du débat cette semaine-là porte sur la jeunesse. Après le débat entre Nat­acha Polony et Gilles Finchel­stein, trois invité·es sont venu·es débat­tre : Eva Sadoun entre­pre­neuse dans la tech et coprési­dente du Mou­ve­ment Impact France, Maxime Lle­do jour­nal­iste et essay­iste, ain­si que Stew­art Chau, directeur des études poli­tiques et opin­ions de Viavoice.

Faire circuler le micro et parier sur l’interactivité

Un beau pan­el d’intervenant·es qui laisse pour­tant une grande place à pub­lic très mobil­isé à la fin de l’échange. Le micro cir­cule par­mi celles et ceux qui sont venu·es assis­ter à l’enregistrement. Le maire de Cer­gy est présent au pre­mier rang. Ce sont surtout des acteur·ices de la vie locale et engagé·es qui pren­nent la parole.

À la fin de l’émission, Ali Bad­dou revient sur l’importance pour France Inter de délo­calis­er cer­taines de ses émis­sions. « Ce pro­jet est né de deux envies. D’abord nous voulions ryth­mer la cam­pagne prési­den­tielle en instal­lant des débats. Nous n’étions pas tou­jours satisfait·es de ceux qui émergeaient dans le débat pub­lic, notam­ment les plus rances et les plus pour­ris du début de la cam­pagne. Ensuite, après le deux­ième con­fine­ment, il y avait un besoin de prox­im­ité, un besoin d’aller plus près de nos audi­teur·ices, de retrou­ver l’échange et le dia­logue, tout sim­ple­ment. Nous voulions les retrou­ver pour les débats d’idées. À France Inter, nous avons en per­ma­nence des échanges avec les audi­teur·ices, dans des émis­sions comme Le Télé­phone sonne ou La Mati­nale, mais c’est là dif­férent puisque le pub­lic est là ».

Le Grand Face-à-face s’est délo­cal­isé à Cer­gy pour une émis­sion sur la jeunesse

Un moyen de renouer avec les citoyen·nes dont la con­fi­ance envers les médias n’est pas au plus haut ? « Ça je n’y ai pas trop pen­sé, c’était vrai­ment une envie de bouf­fée d’air frais, de sor­tir des stu­dios parisiens ».

En ce qui con­cerne les choix des villes, l’équipe de « Le Grand Face-à-face » a voulu « éviter les pas­sages oblig­és où en général France Inter se déplace. Nous avons cher­ché des villes qui font écho à la thé­ma­tique abor­dée. Par exem­ple à Saint-Brieuc pour l’écologie, ici à Cer­gy pour par­ler de la jeunesse où 50 % de la pop­u­la­tion a moins de 30 ans. On a testé le dis­posi­tif, on l’a expéri­men­té, on l’adore et on va con­tin­uer à le faire exis­ter », con­clut Ali Bad­dou. France Inter va régulière­ment à la ren­con­tre des citoyen·nes dans d’autres émis­sions avec, par exem­ple, le 13 h/14 h de Bruno Duvic. L’in­ter­ac­tiv­ité est au cœur de la propo­si­tion de valeur de France Inter, que ce soit en physique ou à l’antenne.

Sur le même mod­èle, le stu­dio de pod­casts indépen­dant Binge Audio organ­ise des évène­ments pour enreg­istr­er plusieurs de ses émis­sions en pub­lic. Durant l’été 2021 par exem­ple, le Binge Audio Fes­ti­val réu­nis­sait qua­tre de leurs pod­casts au cours d’en­reg­istrements spé­ci­aux en présence du pub­lic. Par­mi eux : Kiffe ta race, Le Cœur sur la table et À bien­tôt de te revoir.

« Les lecteur·ices sont notre feuille de route »

Dans les médias, la presse quo­ti­di­enne régionale (PQR) est bien placée pour revendi­quer la bonne con­nais­sance de son audi­ence ; les jour­nal­istes croisent leurs lecteur·ices au quo­ti­di­en lors des reportages. Afin de par­ler au mieux à celles et ceux qui les lisent, des rédac­tions de PQR enten­dent les inclure dans le proces­sus d’amélioration édi­to­ri­ale. C’est le cas dans le groupe Cen­tre France, dirigé par Soiz­ic Bou­ju, et qui regroupe huit titres tels que La Mon­tagne ou La République du Cen­tre. Le groupe tire 300 000 exem­plaires quo­ti­di­ens, les huit titres con­fon­dus. Julien Bon­nefoy est rédac­teur en chef adjoint en charge des opéra­tions spé­ciales du groupe. Une nom­i­na­tion un peu bar­bare pour désign­er tout ce qui a trait à l’engagement des lecteur·ices et aux for­mats pro­posés par les jour­naux du groupe. « Les lecteur·ices sont notre ligne d’horizon et notre feuille de route édi­to­ri­ale », expose-t-il.

Il y a trois ans, pour le cen­te­naire du jour­nal La Mon­tagne, le groupe a égale­ment usé du bus pour aller à la ren­con­tre des citoyen·nes. Durant deux semaines, les équipes édi­to­ri­ales et des jour­nal­istes ont fait escale dans treize villes en Auvergne et dans le Lim­ou­sin pour aller à la ren­con­tre des lecteur·ices. Au-delà des déplace­ments, les citoyen·nes sont invité·es dans les locales. Lors de ces ren­con­tres, l’idée est d’entendre les retours des abon­né·es, leurs sug­ges­tions autant que leurs reproches : « le groupe se veut être utile pour ses lecteur·ices sur des sujets con­cer­nant du quo­ti­di­en », pré­cise Julien Bonnefoy.

Pour le cen­te­naire du jour­nal La Mon­tagne, les équipes se sont déplacées à la ren­con­tre du public

Meilleur·es expert·es de la vie quotidienne

Pour appli­quer très con­crète­ment cette notion d’utilité, Julien Bon­nefoy cite plusieurs exem­ples. Notam­ment celui de la ligne de train Paris-Cler­mont-Fer­rand qui compte très régulière­ment des retards. « C’est un sujet d’engagement pour notre jour­nal, nous en avons beau­coup par­lé, nous avons mul­ti­plié les arti­cles à ce sujet ». L’idée est aus­si de faire bouger les lignes. Et pour cause, l’ancien pre­mier min­istre Jean Cas­tex est venu à Cler­mont-Fer­rand face à une dizaine d’abonné·es de La Mon­tagne et non face à ses journalistes.

Le jour­nal con­sid­ère que les lecteur·ices sont les meilleurs expert·es de la vie quo­ti­di­enne. Les jour­nal­istes leur font régulière­ment appel pour des sujets d’articles ou d’en­quête. L’un des derniers en date cor­re­spond à la sor­tie du livre de Vic­tor Cas­tanet sur les scan­dales san­i­taires en EHPAD : Les fos­soyeurs pub­lié aux édi­tions Fayard. Les rédac­tions de Cen­tre France ont lancé un appel à témoins auprès des lecteur·ices dans un ques­tion­naire dans le but de recueil­lir des témoignages sur de nou­velles sit­u­a­tions de mal­trai­tances en mai­son de retraite. Julien Bon­nefoy explique la démarche : « il n‘y avait pas d’anonymat pos­si­ble car nous devions recouper les élé­ments pour véri­fi­er les infor­ma­tions. Nous avons reçu une cen­taine de témoignages. Dans ce cas pré­cis, nous nous sommes appuyé·es sur nos lecteurs ». Une enquête est sor­tie à la suite des témoignages.

Co-construire l’information

Cen­tre France ne se con­tente pas seule­ment de ren­con­tr­er ses lecteur·rices mais les sol­lici­tent aus­si pour co-con­stru­ire l’information. Tou­jours dans le domaine de la san­té, les déserts médi­caux touchent par­ti­c­ulière­ment les départe­ments cou­verts par Cen­tre France. Par exem­ple dans La République du Cen­tre, la newslet­ter La Rep’ Prend soin de vous, s’appuie sur des remon­tées de lecteur·ices, car « ce sont elles et eux les pre­mier·eres usager·es des hôpi­taux. Nous sommes en lien avec eux en amont pour la con­struc­tion du sujet, dans la pub­li­ca­tion, avec des témoignages et après, dans la con­ver­sa­tion. Avec ces dossiers d’en­quêtes, nous comp­tons une audi­ence plus forte donc cela per­met aus­si d’aller chercher des lecteur·rices qui ne nous lisent pas habituelle­ment ». De cette manière, la rédac­tion joue son rôle de médi­a­tion et de lanceuse d’alerte envers les pou­voirs publics.

Chaque année le jour­nal pub­lie son rap­port d’impact

Chaque année, le jour­nal La Mon­tagne pub­lie égale­ment un rap­port d’impact, que nous avions partagé dans l’édition de notre newslet­ter. « À la suite de sa sor­tie, les lecteur·ices ont été invité·es à nous not­er sur le lien qu’ils et elles entre­ti­en­nent avec notre jour­nal, notre indépen­dance etc ». En péri­ode d’élections lég­isla­tives, les édi­tions locales sont par­ti­c­ulière­ment mobil­isées. Pour l’occasion, Le Jour­nal du Cen­tre organ­ise à Nev­ers, qua­tre ate­liers avec des lecteur·ices et des débats.

D’autres médias font usage de ce proces­sus de co-con­struc­tion comme Mediac­ités. La Société des Amis de Mediac­ités réu­nit 138 lecteurs et lec­tri­ces qui ont investi pour soutenir le développe­ment le média et organ­ise des réu­nions d’information. Sa rubrique Verac­ités répond directe­ment aux ques­tions des lecteur·ices.

Multiplier les rencontres : le cas Ouest-France

De son côté, Ouest-France, pre­mier quo­ti­di­en nation­al, mul­ti­plie les ren­con­tres avec le pub­lic et « il y a tou­jours eu des lecteur·ices en vis­ite organ­isée dans les couloirs du siège », témoigne François Ver­cel­let­to, chargé de la rela­tion lecteur·ices. Il s’occupe du cour­ri­er des lecteur·ices, organ­ise les ren­con­tres au siège et les impulse dans les locales détachées. Et ce poste con­tient une exi­gence : con­naître le jour­nal. Et ça tombe bien puisqu’il a tra­vail­lé au sein de tous les ser­vices, « sauf le sport et la cul­ture ! ». Le poste a été créé sur mesure, a évolué et a été plus édi­to­ri­al­isé. Durant le pre­mier con­fine­ment, les ques­tions des lecteur·ices se sont par exem­ple mul­ti­pliées sur les aspects pra­tiques de la pandémie. « La plu­part des retours que nous recevons, con­cer­nent les choix édi­to­ri­aux, le choix des mots, les infos non traitées. Les retours sont con­struc­tifs, ce sont des réac­tions à l’actualité, nous avons égale­ment des témoignages ».

Les con­fine­ments ont été une occa­sion d’in­nover dans la rela­tion aux lecteur·ices. Ain­si, Ouest-France a misé sur les ren­con­tres en visio avec son pub­lic et sur dif­férents thèmes : sur le traite­ment jour­nal­is­tique en vidéo à Ouest-France, sur le cour­ri­er des lecteur·rices, ou encore Com­ment Ouest-France cou­vre la cam­pagne ? Avant la pandémie, Ouest-France allait régulière­ment à la ren­con­tre de ses lecteur·ices que ce soit dans les locales, à la rédac­tion ou dans des médiathèques.

Ouest-France organ­ise régulière­ment des ren­dez-vous en ligne avec son audi­ence depuis le pre­mier confinement

His­torique­ment, les lecteur·ices étaient invité·es à venir décou­vrir la fab­rique du jour­nal, des con­férences de rédac­tion jusqu’à l’impression. Sur le site, la rubrique La Place per­met aux abon­né·es d’échanger avec la rédac­tion et pos­er toutes les ques­tions. « De la trans­parence et de la péd­a­gogie pour mon­tr­er com­ment on tra­vaille », telle est, selon François Ver­cel­let­to, la recette qui fera que le lien pourra être renoué avec les citoyen·nes.

La ren­con­tre de ses lecteur·ices, c’est aus­si la mar­que de fab­rique de nom­breuses revues indépen­dantes comme les revues fémin­istes La Défer­lante ou Cen­sored lors d’événe­ments de lance­ment, un peu partout en France. La Défer­lante pro­pose des ren­con­tres et débats dans des librairies et autres tiers lieux, et même par­fois en visio pour être acces­si­bles à tous·tes. Sans trop s’éloign­er des librairies, puisque leur mag­a­zine est disponible au milieu des livres, Caviar, le mag­a­zine foot et société, choisit plutôt les bars pour les soirées de lance­ment. Un choix judi­cieux pour rassem­bler les lecteur·s, pour la plu­part étudiant·es. 

Les for­mats à la ren­con­tre des citoyen·es peu­vent mobilis­er des moyens plus impor­tants comme RSF avec un bus ou la délo­cal­i­sa­tion d’une émis­sion. Pour autant, il paraît acces­si­ble d’organiser des ren­con­tres avec son audi­ence, de l’impliquer dans des pro­jets édi­to­ri­aux con­crets et d’être à l’écoute de ses retours, inquié­tudes ou idées, quelle que soit son échelle.

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N.D.L.R : Médi­anes le stu­dio a accom­pa­g­né l’équipe de RSF en 2021 dans le développe­ment stratégique et opéra­tionnel des abon­nements aux albums « 100 pho­tos pour la lib­erté de la presse » ; l’équipe de La Défer­lante dans son développe­ment stratégique depuis 2019 et l’équipe de Cen­sored depuis 2022.

Pour aller plus loin :

Com­men­taires, par­tic­i­pa­tion aux con­férences de rédac­tion ou plate­forme dédiée, des médias esti­ment que les lecteurs ont aus­si des choses à dire et une valeur ajoutée à apporter. À lire dans la newslet­ter Médi­anes du 5 mai 2022.

Ren­con­tr­er son audi­ence pour pal­li­er la crise de con­fi­ance ? Retrou­vez le baromètre annuel de La Croix.

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Margaux Vulliet Twitter

Journaliste médias et tech, Margaux a effectué son alternance chez Médianes. Après un an au service Tech&Co de BFMTV, elle est actuellement aux États-Unis pour explorer les initiatives des médias.