Donnez de la voix

Racon­ter le monde, c’est aus­si faire enten­dre ses voix. Les pos­er là, telles qu’elles sont. Ne pas chercher à les ren­dre touchantes, attachantes, poé­tiques. Ne pas refor­muler. Au-delà du témoignage radio, et si nos voix pre­naient plus de place dans les médias ?

Le mois dernier, HugoDécrypte recueil­lait des notes vocales témoignant du mal-être étu­di­ant pen­dant la pandémie. Dans sa vidéo « L’appel à l’aide de notre généra­tion », les voix de Léann, Maxime, Grâce, Alex­is se suc­cè­dent sur fond noir. Ils et elles con­fient leur angoisse, leur soli­tude, par­fois même leur envie d’en finir. Dans ces voix, on entend la détresse étu­di­ante que les mots seuls ne suff­isent pas à décrire. Le for­mat offre une lib­erté per­me­t­tant de récolter une parole plus puis­sante que via une inter­view télé­phonique : comme si on était nous-même au bout du fil.

On dit que ce n’est pas la parole qui s’est libérée, mais qu’on s’est mise à l’é­couter, à lui laiss­er une place. À l’heure du pre­mier con­fine­ment, Arte Radio a com­pilé les mes­sages vocaux de soignant·e·s, ambulancier·e·s, caissier·e·s. Une fenêtre drôle et franche sur le quo­ti­di­en de celles et ceux qui n’étaient pas confiné·e·s.

La magie des notes vocales pour penser des expéri­ences nar­ra­tives a égale­ment sa place sur Insta­gram. Dans ses sto­ries « Les his­toires au coin du (cou­vre) feu », le média d’aventure Les Oth­ers dif­fuse les pires anec­dotes de voy­age de ses abonné·e·s. Au fil des épisodes, on sauve un homme d’une avalanche à Val‑d’Isère, on roule au bord d’un précipice en Alas­ka, on vis­ite un dis­pen­saire glauque au Sri Lan­ka… et nos soirées con­finées n’ont jamais été aus­si dépaysantes.

Enfin, ce retour à l’audio passe aus­si par l’interactivité. On a d’ailleurs vu le live sonore pren­dre tout son essor avec Club­house. Âgé d’à peine un an, ce réseau social per­met de se con­necter à des inconnu·e·s par la voix, en rejoignant des salons de dis­cus­sions. François d’Estais, chef de pro­jet chez Havas Paris, décrypte ce nou­veau ter­rain de jeu dans un fil Twit­ter pas­sion­nant. Il y évoque le « poten­tiel infi­ni » de l’app, des comédies musi­cales aux con­férences en pas­sant par les dis­cus­sions sur l’entrepreneuriat.

Après la « Zoom fatigue », vous êtes déjà lassé·e·s de l’engouement autour de Club­house ? Revenons-en aux clas­siques. Passez-nous un coup de fil, et lais­sez un mes­sage sur notre répon­deur. Notre numéro, c’est le 07 56 95 60 01.