Évaluer l’impact de son média

Marine Slavitch
Marine Slavitch

Que glisse-t-on der­rière la notion de média à impact ? Sou­vent, on pense à cette fac­ulté jour­nal­is­tique à met­tre en avant les réc­its de celles et ceux qui trou­vent des solu­tions à des prob­lèmes soci­aux et écologiques. Au-delà du par­ti pris édi­to­r­i­al, car­ac­téris­tique du jour­nal­isme con­struc­tif, com­ment traduire con­crète­ment l’impact de son média, des fon­da­tions à la post-production ?

Pour Le Drenche, l’impact est comme un fil rouge, présent dès la propo­si­tion de valeur. «Notre rai­son d’être est de per­me­t­tre à chaque citoyen de com­pren­dre les grands enjeux et par­ticiper au débat de société», indique le man­i­feste de ce jour­nal par­tic­i­patif. Une ambi­tion que l’on retrou­ve jusque dans ses statuts puisque Le Drenche est une ESPI, une entre­prise sol­idaire de presse d’information, tout comme Les Jours, Next INpact, Mars­ac­tu, Medi­ati­co… et bien d’autres. Entré en vigueur en avril 2015, ce statut, inspiré de l’économie sociale et sol­idaire, réserve aux collaborateurs·trices du jour­nal la pos­si­bil­ité de détenir des actions et implique le réin­vestisse­ment d’au moins 70 % des béné­fices annuels. Autrement dit, «La majorité des béné­fices doit être dédiée au développe­ment de l’entreprise», résume Le Drenche.

Cap­ture d’écran du site inter­net du Drenche.

Cette cohérence entre la ligne édi­to­ri­ale et la mise en pra­tique, le ser­vice vidéo du Monde y tient. Au mois de févri­er 2020, l’équipe de Plan B, une série heb­do­madaire sur les grands enjeux envi­ron­nemen­taux, a choisi de cal­culer et ren­dre publique son empreinte car­bone. Bilan ? Les voy­ages en avion, néces­saires à cer­tains reportages, plombent les efforts réal­isés pour lim­iter les tra­jets en voiture et réduire la con­som­ma­tion élec­trique. En con­séquence, la rédac­tion choisit de pro­longer les séjours et de mul­ti­pli­er les sujets lorsqu’un déplace­ment à l’étranger s’impose.

Cap­ture d’écran du bil­let de blog de Charles-Hen­ry Groult, respon­s­able du ser­vice vidéo du Monde.

Et après ? Quand l’envie d’avoir un impact posi­tif fig­ure dans la propo­si­tion de valeur et que les reportages et enquêtes suiv­ent cette même ambi­tion édi­to­ri­ale, vient le moment de faire le bilan. Fin 2020, le média indépen­dant Street­Press dévoile son pre­mier rap­port d’impact. Celui-ci fait état des con­séquences con­crètes des arti­cles pub­liés pour les per­son­nes ren­con­trées sur le ter­rain. Street­Press revient notam­ment sur l’ouverture d’une enquête de jus­tice suite à «la révéla­tion d’un sys­tème de mal­trai­tance et de racisme dans les cel­lules du Tri­bunal de Paris». Les trois policiers mis en cause ont été sanc­tion­nés d’avertissements et de blâmes. Du côté de la presse quo­ti­di­enne régionale, le groupe Cen­tre France se prête égale­ment au jeu en éval­u­ant son impact sur l’au­di­ence, du chat­bot mis en place pen­dant les munic­i­pales au cour­ri­er des lecteurs·trices. C’est aus­si le cas du côté de Mediac­ités.

Cap­ture d’écran du site inter­net de Street­Press, extrait du rap­port d’im­pact 2020.

Sur la vision édi­to­ri­ale comme sur la par­tie busi­ness, la prise en compte de l’impact de son média s’inscrit dans un mod­èle vertueux. Car si les médias sont recon­nus d’utilité publique, encore faut-il réus­sir à traduire con­crète­ment cette ambi­tion au quo­ti­di­en. Alors, prêt·es pour l’impact ?

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Marine Slavitch Twitter

Marine Slavitch est journaliste chez Médianes. Elle est cheffe de rubrique, en charge de la newsletter de veille.