Ces médias qui ont prévu leur fin
Quand on évoque l’arrêt d’un média ou d’un format éditorial, on imagine un ratage économique, une audience qui n’a pas répondu présent ou encore des difficultés liées à la crise. Pourtant, mettre un terme à un projet peut également être la clef de son succès. Et si toutes les bonnes choses avaient vraiment une fin ?
François Busnel et Éric Fottorino l’avaient annoncé dès le lancement d’America. Cette revue, destinée à nous interroger sur l’Amérique de Donald Trump, nous a fait vibrer le temps de seize numéros. Quatre par an pendant quatre ans : le temps d’un mandat présidentiel. Ici, on pense la revue comme un objet destiné à se collectionner. Un produit fini, en somme, avec une stratégie qui permet de pousser la réflexion sur sa proposition de valeur et son modèle économique. De quoi donner envie aux lecteurs et lectrices de s’attarder sur chaque précieux numéro et de savourer la photographie d’une époque sans se perdre dans le vacarme de l’actualité. Bilan : près de 500 000 ventes sur quatre ans.
On peut aussi penser la fin même lorsque celle-ci ne faisait pas partie du plan de départ. Partir en pleine gloire, il faut dire que ça en jette. Regardez Siham Jibril, fondatrice de Génération XX, le podcast qui donne à écouter des parcours de vie de femmes permettant d’élargir son champ des possibles… Après quatre ans d’existence et plus de six millions d’écoutes, Siham Jibril a décidé de clôturer son podcast après la diffusion du centième épisode. S’arrêter pour ouvrir une nouvelle page, et commencer par poser des premières pierres avec la sortie d’un magazine consacré à l’écoute.
On ne va pas vous raconter d’histoires. Le plus souvent, dans les médias, la fin n’est ni prévue ni désirée. On s’y résout lorsque les obstacles deviennent trop grands et que les solutions manquent. Dans ce cas, certain·e·s prennent le parti de (bien) raconter cette décision, sans essayer de la masquer. Comme Stanislas Signoud, cofondateur de la matinale audio personnalisée Les Croissants. D’abord, par une lettre explicative publiée sur le site des Croissants. Puis un an plus tard, via un fil sur Twitter racontant cette fin du point de vue de l’entrepreneur, du rendez-vous au tribunal au transfert des abonnements des Croissants chez Les Jours. Un retour honnête et nécessaire.
La newsletter de Médianes
La newsletter de Médianes est dédiée au partage de notre veille, et à l’analyse des dernières tendances dans les médias. Elle est envoyée un jeudi sur deux à 7h00.