À l’intersection : lancer un média sans moyens — 1/5

Margaux Vulliet
Margaux Vulliet

À l’image de Kiffe ta race, il veut don­ner la parole en « racon­tant les dias­po­ras maghrébines, afro-descen­dantes et asi­a­tiques en France dans leur inter­sec­tion­nal­ité ». Du témoignage aux échanges en pas­sant par des inter­views de chercheur•euses, le pod­cast a pour ambi­tion d’engager le débat sur la « décon­struc­tion ».

Dans ce pre­mier épisode de la série Ils ont lancé leur média en 2021, Médi­anes a ren­con­tré Anas Daif, jeune jour­nal­iste, sor­ti de l’École Supérieure de Jour­nal­isme de Lille en 2021. Il a lancé son pod­cast À l’intersection « sur un coup de gueule ». Pour le moment, il ne gagne pas sa vie grâce à son média, il apprend et expéri­mente au fil des épisodes, en même temps que son audi­ence se con­stru­it et s’agrandit.

Tu as lancé ton pod­cast par un épisode qui s’apparente à un édi­to­r­i­al. Dans quel con­texte tu as lancé À l’intersection ?

Anas Daif : Quand j’ai enreg­istré l’épisode zéro, j’avais un sen­ti­ment et un besoin d’urgence. Je sen­tais que je ne pou­vais plus me taire et que je devais ten­dre mon micro aux per­son­nes con­cernées. Je n’ai pas réfléchi tout de suite au for­mat que je voulais, je n’ai établi aucune stratégie et je ne savais pas ce que ça allait don­ner. Finale­ment, ça a pris, j’ai com­mencé à rassem­bler une communauté.

De quelle manière rassem­bles-tu cette com­mu­nauté justement ?

Avec mon compte Insta­gram, je mise sur le buzz et la viral­ité. Je pense à l’événe­ment qui a eu lieu à Vil­leneuve-la-Garenne en 2020 (le 18 avril 2020 un motard a été fauché par la por­tière d’une voiture de police, ndlr). J’en ai par­lé et les gens ont com­mencé à réa­gir, ce qui m’a fait une bonne porte d’entrée vers mon pod­cast. Dans À l’intersection, je par­le des minorités, des prob­lèmes que j’ai vécu ou que d’autres ont vécu, je cherche à créer un espace ouvert de dis­cus­sion et de débat. Mon pod­cast dure sou­vent plus d’une heure. Mon objec­tif est d’engager un tra­vail de décon­struc­tion. Entre les réseaux soci­aux, le bouche à oreille et surtout les thèmes que j’abor­de, la com­mu­nauté d’auditeurs s’agrandit au fil des épisodes.

En te lançant sur un coup de tête, quelles étaient tes craintes de   départ ?

Le pod­cast évolue en même temps que moi en tant que jour­nal­iste. Mes craintes étaient que le ren­du soit médiocre, de ne pas être à la hau­teur, surtout que je suis per­fec­tion­niste. Mais je sens qu’il y a vrai­ment un tour­nant en ce moment :  le nom­bre d’écoutes a dou­blé en qua­tre mois. Je cherche aus­si à me diver­si­fi­er. J’ai par­ticipé au fes­ti­val Les Chichas en octo­bre où j’ai enreg­istré en live l’épisode 10 avec Kid­dy Smile et Noam Denu­it. J’ai enfin pu met­tre des vis­ages sur mes auditeur•ices et échang­er, autrement que sur Insta­gram. C’est telle­ment agréable. Mais j’aimerais être plus réguli­er car faire un pod­cast ça prend du temps.

Quels con­seils don­nerais-tu pour celles et ceux qui veu­lent lancer un podcast ?

Échangez avec des professionnel·les, des gens qui s’y con­nais­sent. Faites écouter votre pro­duc­tion, deman­dez des con­seils. Il faut aller vers les gens, ils sont ouverts et c’est un plaisir pour eux de vous aider con­traire­ment à ce qu’on pour­rait penser.


Pour aller plus loin

Com­ment faire un pod­cast ? : les con­seils de A à Z par Sarah-Lou Lepers.

Moné­tis­er son pod­cast : une con­férence don­née à Médias en Seine.

Panora­ma des pod­casts : une (autre) con­férence don­née Médias en Seine.

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Margaux Vulliet Twitter

Journaliste médias et tech, Margaux a effectué son alternance chez Médianes. Après un an au service Tech&Co de BFMTV, elle est actuellement aux États-Unis pour explorer les initiatives des médias.