Bien préparer son brief créatif

Tout d'abord, à quoi sert le brief ?

On perçoit un nouvel objet, imprimé ou sur écran, d’abord par le regard : est-ce qu'il m'interpelle, ai-je envie de cliquer, de feuilleter ? C'est après cette première étape (décisive) qu’il devient possible d’accéder aux contenus et de décider si le fond vaut le coup. Comme il est aussi décevant de voir une super couverture sans grand-chose derrière qu’il est regrettable de proposer un excellent contenu piètrement mis en valeur, il importe que la forme soit adaptée au fond.

Pour ce faire, lorsque vous contactez un ou une graphiste, il ou elle aura en premier lieu besoin de comprendre qui vous êtes, quelle est la raison d’exister de votre média et ce qu’il entend défendre, afin d’utiliser des langages graphiques adaptés.

Un bon « brief créa » permettra — en établissant les directions que vous souhaitez, ou non, explorer — de gagner en efficacité en s’orientant dans la bonne direction dès le début. En effet, dans la mesure où il s’agit avant tout de votre projet, il y a de fortes chances que vous sachiez où vous entendez le mener. Votre graphiste vous aidera de manière opérationnelle et culturelle à cristalliser les intuitions qui sont les vôtres, tout en réexaminant et approfondissant ces idées.

Des questions pour vous aider

• Quel est votre besoin ? (Direction artistique, visuels de communication, maquette de revue, cartographie, infographie, maquettes de site web, newsletters, etc.)
• Dans quel contexte s’inscrit ce besoin ? (Création de média, lancement d’un nouveau produit, refonte, etc.)
• Que souhaitez-vous transmettre comme esprit, comme ambiance ? (S’inscrit-on dans un environnement ludique, littéraire, lumineux, éveillant la curiosité, itinérant, calme, contemplatif, érudit, onirique, végétal, mécanique, architectural, combatif, sérieux, scientifique, numérique, vulnérable, vivant, dynamique...?)
• Quelles sont vos valeurs ? Que défendez-vous comme idées, comme vision du monde ?
• À qui vous adressez-vous ? C'est la fameuse question des cibles, des personæ.
• Avez-vous des exemples d’autres réalisations qui, par un aspect ou plusieurs, vous plaisent, sont semblables à ce que vous souhaitez transmettre, ou au contraire — et c’est tout aussi important — sont à l’opposé de ce que vous êtes, et peuvent ainsi délimiter des limites au-delà desquelles ne pas s’aventurer ?
• Quelles sont vos échéances ? J'en profite pour ajouter qu'il vaut mieux prendre contact tôt — il n'est idéal pour personne de devoir créer des idées ou arrêter des choix dans un délai très contraint.
• De quels livrables aurez-vous besoin ? Quel format, ou pour quelle destination ? Avez-vous besoin uniquement des exports, ou bien aussi des fichiers source modifiables ? Vous faut-il une charte explicitant les règles d'usage ?
• Les documents ont-ils vocation à être imprimés et/ou vus sur écrans ? (c'est important pour savoir quelles couleurs utiliser : les pixels rétro-éclairés et les encres couchées sur papier rendent différemment.)
• Quelle est votre estimation de budget ? Ce dernier point aidera votre graphiste à appréhender l’envergure du projet : plus il y a de budget, plus on peut imaginer s'aventurer loin, porter un projet ambitieux — à l'inverse, si les finances sont serrées, il s'agira de simplifier les processus. Le calendrier et le budget peuvent aussi dépendre l'un de l'autre.

Et quels éléments transmettre ?

Dans le cas où votre identité visuelle existe déjà et qu'il vous faut des productions dans la continuité, pour ravir votre graphiste, transmettez idéalement :

• Le(s) logo(s) au format vectoriel — pas JPG par pitié — ainsi que les logos de vos partenaires s’il y a lieu, au format vectoriel ;
• La charte graphique listant les règles d’usage, les codes couleurs, les polices à utiliser, etc. À défaut, vous pouvez indiquer quels sont vos usages habituels, et donner des exemples de productions déjà réalisées ;
• Les images, hyperliens, textes à faire figurer et idée de la hiérarchie, de ce qui est le plus important.

Vous avez envie d'aller plus loin ?

• Parce qu'il faut toujours partir d'un public cible, consultez notre fiche pratique pour apprendre à définir ses personæ.
• Consultez les précédentes chroniques pour comprendre les termes techniques de la typographie, apprendre à choisir ses polices et à soigner les illustrations liées à ses images. Sans oublier bien sûr un sujet clé sur la mise en forme d'articles : Pourquoi tant de gras ?
• Quelques exemples autour de la lisibilité, accessibilité, hiérarchie et structure, et des des cas pratiques à retrouver sur mon portfolio.